Montevideo : “La Trêve” par Mario Benedetti

Une des raisons pour lesquelles j’écris ce blog est que j’aime lire des romans qui décrivent le lieu dans lequel je voyage. Pour mon récent séjour à Montevideo, j’ai choisi « La Trêve (La Tregua) » de l’écrivain Mario Benedetti. J’ai été, de premier abord, un peu surpris d’y trouver très peu de descriptions de la capitale uruguayenne. Quelques noms de rues, des scènes de café ou de restaurant, mais sinon, tout se passe dans un bureau et dans deux appartements. A lire le roman, on a du mal, par exemple, à imaginer la présence du Rio de la Plata, dont l’embouchure vers l’Atlantique baigne pourtant toute la ville.

Après avoir terminé le roman et parcouru Montevideo pendant plusieurs jours, je dois revoir ma conclusion. Le roman de Benedetti traduit de manière quasi parfaite l’ambiance de cette ville calme, au charme discret et un peu désuet avec ses immeubles Art Déco, où l’on marche avec plaisir tant il y a peu de trafic. Le contraste avec Buenos Aires, sa consœur capitale de l’autre côté du Rio de la Plata est saisissant. 

L’histoire de « La Trêve » est simple. Le livre se présente comme le journal de Martín Santomé qui est chef-comptable dans un bureau. Il est à quelques mois de pouvoir prendre sa retraite. Il est veuf depuis plus de vingt ans. Sa femme Isabel est morte lors de la naissance de Jaime, leur troisième enfant. Depuis, il vit avec ses enfants Esteban, Blanca et Jaime qui sont devenus des jeunes adultes qu’il a parfois du mal à comprendre. Une vie sans surprises, dont il ne semble plus attendre grand-chose.

Une nouvelle employée, Laura Avellaneda, arrive dans son service. Elle est discrète et efficace. Santomé tombe amoureux d’elle, même si elle a l’âge de sa fille. Avellaneda partage les sentiments de Martín. Ils s’embarquent dans une histoire d’amour émouvante. Ce court roman est écrit sans fioritures, avec une sincérité qui m’a beaucoup touché. Il a été adapté pour le cinéma dans un excellent film du réalisateur argentin Sergio Renán.

L’histoire de Martín Santomé et Laura Avellaneda est à l’image de Montevideo : charmante, sans tape-à-l’œil, pleine de surprises, comme un match éliminatoire de la Coupe du Monde où l’Uruguay l’emporte contre la Colombie en marquant à la 101ème minute, comme une vieille pharmacie transformée en café branché ou comme les rythmes d’un candombe de quartier au soleil couchant.

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