J’ai passé cet été quelques jours entre amis dans une très belle maison dans le sud de la Toscane. Que du bonheur dans les paysages parfaitement maîtrisés et pourtant toujours enchanteurs du Chianti : bonne chère, excellents vins, la découverte des peintres siennois du « Buon Secolo della Pittura Senese » à Montepulciano, Pienza et San Quirico d’Orcia, plusieurs escapades à Sienne. Sans doute parce que la ville est essentiellement piétonne, se promener dans Sienne, plus encore qu’ailleurs en Italie, c’est pénétrer pas à pas dans l’histoire de la ville et de ses quartiers – les contrade – de la Renaissance au Moyen-Age jusqu’aux fondations romaines.
Pendant ces quelques jours, entre les expos, les ballades, et les heures à discuter entre amis, il restait peu de temps pour la lecture, d’autant, qu’une fois n’est pas coutume, j’étais venu sans bouquins situés en Toscane. Mais heureusement la bibliothèque de la maison me vint en aide : « Place de Sienne, côté ombre (Il Palio delle contrade morte) » du duo Fruttero – Lucentini se lit avec beaucoup de plaisir et nous emmène dans le monde secret, envoutant et parfois un peu inquiétant du Palio, cette course de chevaux d’un autre âge qui enflamme toute la ville et la Piazza del Campo deux fois chaque été.
Un autre livre que j’ai lu récemment et qui se passe, en partie, en Toscane, est « Le patient anglais (The English Patient) » de Michael Ondaatje. Ceux qui ont d’abord vu le film se rappelleront sans doute davantage des scènes dans le désert et au Caire, mais une grande part de l’intrigue de ce somptueux roman qui a obtenu le « Booker Prize » se déroule lors de l’avancée des Alliés remontant la Péninsule italienne, dans la villa San Girolamo, un ancien monastère toscan à moitié détruit par les bombes. C’est là qu’Hana, une infirmière de l’armée canadienne soigne le comte László de Almásy, un cartographe hongrois brûlé en Afrique du Nord, qui peu à peu révèle les secrets de ses expéditions et de son histoire d’amour avec Katharine Clifton. C’est aussi dans cette abbaye, proche de Pienza dans le film – mais il semble qu’Ondaatje se soit plutôt inspiré d’une villa de Fiesole pour son roman – qu’Hana tombe amoureuse de Kip, le démineur indien. Si, comme moi, vous aviez vu le film il y a près de 20 ans, je vous encourage à lire le livre, et puis à revoir le film.
Si les scènes les plus marquantes du film « Le Patient Anglais » sont celles dans le désert d’Afrique du Nord, il y a une scène toscane que je trouve fascinante. La scène dévie un peu du roman en embellissant quelques lignes, mais ce détour nous offre le plaisir de voir Juliette Binoche découvrir et contempler, se balançant accrochée à une corde et s’éclairant d’une torche, les fantastiques fresques du cycle de la Légende de la Vraie Croix peintes par Piero della Francesca, dans la chapelle Bacci de l’église San Francesco d’Arezzo.