Le Grand Canyon et l’Ouest Américain : « L’Homme Squelette (Skeleton Man)» par Tony Hillerman

Près de trente-sept ans entre les deux voyages. L’été 1988, nous voyagions en motor-home avec mes deux frères et mes parents qui nous faisaient découvrir les Etats-Unis. En cette fin d’hiver 2025, avec ma femme, ma fille et mon plus jeune fils, nous garons la voiture devant le lodge, déposons vite nos bagages dans notre chambre et marchons dans la neige pour aller admirer le soleil se coucher sur le Grand Canyon.

Entre mars et août, les couleurs – rouge, ocre, or, marron, bleu, blanc – et les températures ne sont pas les mêmes sur le chemin qui suit le bord de cet escarpement gigantesque au fond duquel coule le Colorado. Mais le choc visuel, époustouflant, cette impression d’immensité, n’avaient pas changé. La boucle que nous venons de faire à quatre, du Grand Canyon à Zion, en passant par Page, le lac Powell et Bryce Canyon ressemblait beaucoup à celle que nous avions faite bien des années auparavant. Comme un pèlerinage familial pour transmettre les émerveillements d’une génération à l’autre.

Quand le lendemain de notre arrivée au bord du Grand Canyon, nous avons entrepris de marcher une partie du South Kaibab Trail qui descend vers la rivière, nous avons encore fait, en une matinée, l’expérience des changements rapides qui se produisent dans le canyon. En haut, la neige nous forçait à des pas prudents tandis que nous nous retenions aux aspérités glacées de la roche. Plus bas, la neige fondue transformait le chemin en boue orange dans laquelle les risques de glissade n’étaient pas moindres. Enfin, vers midi, le sol était sec, et nous avions enlevé veste, pull, bonnet et gants, pour profiter d’une pause au soleil, dans la couleur ocre des westerns.

Cette descente me faisait penser au roman « L’Homme Squelette (Skeleton Man) » de Toni Hillerman, dans lequel Jim Chee et Bernadette Manuelito, deux officiers de la police tribale Navajo s’engagent, l’un, et puis l’autre, vers le fond du Canyon. Ils suivent les traces d’un meurtrier, mais aussi d’une cache de diamants. L’histoire semble commencer lorsqu’un jeune indien Hopi obtient vingt dollars contre un diamant qu’il dépose chez un prêteur sur gages. Mais en fait, elle commence près de cinquante ans auparavant, quand, en 1956, deux avions de ligne se heurtent au-dessus du Canyon.

L’épisode de la collision et de la perte totale des deux avions, sans aucuns survivants, est réel. Le roman, qui se termine alors qu’un orage transforme les ravins du canyon en torrents violents, mêle avec subtilité, suspens, paysages flamboyants et culture indienne. Il fait partie de la série de romans policiers « Joe Leaphorn/Jim Chee », officiers dans la police tribale navajo. Certains de ces romans ont été adaptés dans la série TV « Dark Winds » qui m’a beaucoup plu et m’a ouvert aux réalités de la vie dans les réserves indiennes de l’Ouest américain.

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