Il y a maintenant près d’un an brûlait Notre-Dame. C’est un collègue français qui m’avait alerté dans les couloirs du bureau et je m’étais précipité pour voir les images et les reportages sur mon ordinateur. Nous nous souvenons tous de l’émotion que cet événement a suscité à Paris, en France et à travers le monde. Les messages qui s’échangeaient ressemblaient presque à des condoléances, comme si on avait perdu un être cher.
Dans son court livre « Notre-Dame », rendant hommage à la cathédrale parisienne, l’auteur anglais Ken Follet écrit : « Notre-Dame avait toujours semblé éternelle et les constructeurs du Moyen-Age pensait certainement qu’elle durerait jusqu’au Jour du Jugement Dernier ; mais soudain nous réalisions qu’elle pouvait être détruite. Dans la vie de chaque garçon, il y a un moment pénible quand il réalise que son père n’est pas tout puissant et invulnérable. Le vieil homme a des faiblesses, il pourrait devenir malade, un jour il mourra. La chute de la flèche m’a fait penser à ce moment. »
Dans une interview émouvante quelques jours après l’incendie, l’écrivain français François Cheng dit : « Nous n’oublions pas que c’est Notre Dame, donc une présence maternelle. L’amour maternel, nous savons ce que c’est. Pour nous, c’est quelque chose de naturel, de normal. On en jouit, on en profite, on en abuse souvent, mais sans trop s’en soucier. Un jour, soudain, cette présence maternelle nous est arrachée. Alors on est plongé dans une tristesse infinie, dans un regret infini. Il y a tant de choses qu’on aurait pu lui dire et on ne l’a jamais fait. On ne lui a même pas dit « Je t’aime ». Maintenant, c’est trop tard. Ce sentiment de « trop tard », nous a saisi au moment où la flèche s’est transformée en torche et s’est brisée. » (voir la vidéo ci-dessous à partir de 4’50’’).
Que la référence soit à la figure du père ou à l’amour maternel, les deux écrivains ont visé juste : les flammes de Notre-Dame nous ont touchés de manière intime. Bien sûr le roman du même nom de Victor Hugo a fait beaucoup pour installer Notre-Dame de Paris au cœur de nos souvenirs et de nos consciences. Je me souviens l’avoir lu une première fois dans ma prime jeunesse. Plus récemment, je l’ai repris avec beaucoup de plaisir. Je lisais chaque jour une quarantaine de pages dans le métro, vingt à l’aller, vingt au retour. Le soir je rassemblais mes enfants avant qu’ils aillent dormir et leur résumait l’épisode du jour. Comment Esmeralda, la bohémienne qui danse dans les rues de Paris et sur le parvis de l’église attire à son insu l’amour de Claude Frollo, l’archidiacre de l’église, déchiré entre les exigences de sa foi et de son désir. Esmeralda, elle, s’éprend du beau capitaine Phoebus de Châteaupers. Celui-ci est flatté par l’attention que lui porte la jolie gitane, mais il est déjà fiancé à l’aristocratique et jalouse Fleur-de -Lys. Enfin Quasimodo, le carillonneur qui vit dans les tours, bossu, borgne et boiteux. Il apparaît d’abord comme une brute, mais peu à peu sa sensibilité et son amour pour Esmeralda se dévoilent au point qu’il la sauvera en l’emmenant dans l’église alors qu’elle devait être pendue sur le parvis, accusée à tort de meurtre et sorcellerie. Une fois le livre terminé, nous avons revécu toutes ces intrigues en regardant en famille la comédie musicale, une scène par soir, sur Youtube.
Le roman « Les Piliers de la Terre (The Pillars of the Earth) » est la raison pour laquelle Ken Follet a été très sollicité suite à l’incendie de Notre-Dame. C’est un autre livre que j’ai lu il y a longtemps et que j’ai relu il y a peu pour en faire le résumé chaque soir à mon plus jeune fils. Le récit se passe en Angleterre au XIIème siècle et se développe autour la construction de la cathédrale fictive de Kingsbridge. Ken Follet raconte avec brio l’aventure humaine que constituait pour une communauté médiévale le chantier d’un tel édifice, souvent sur plusieurs générations. Un épisode est revenu en mémoire lors de l’incendie de Notre-Dame : celui-ci où Jack Jackson, jeune garçon, monte dans la voûte de l’ancienne cathédrale et y met le feu pour que son beau-père, Tom le bâtisseur, soit engagé pour construire la nouvelle église. Après moult péripéties, c’est Jack Jackson lui-même qui achèvera la construction de la nouvelle cathédrale, dans le style gothique qu’il aura appris sur le chantier de la basilique Saint-Denis aux portes de Paris.
Saint-Denis, nécropole des Rois de France, est en effet l’édifice précurseur de l’architecture gothique qui a inspiré la construction de Notre-Dame sur l’Ile de la Cité. Lors de mon dernier passage à Paris, je me suis rendu à Saint-Denis – l’église est superbe et les touristes ne se bousculent pas – avant de me promener autour de Notre-Dame, dont la nef vue depuis les berges de la Seine est protégée par les échafaudages, mais dont, Dieu merci, les deux tours dominent toujours le parvis.
A la fin du XVe siecle, le plomb de Gutenberg a eu raison des pierres de Notre-Dame. Dans les premieres annees de la monarchie de Juillet, Hugo ecrivain peut contribuer a precipiter une autre mutation politique. En bref, comme l’ecrit Christian Amalvi, « Notre-Dame de Paris
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