Périgord: “The Caves of Périgord” par Martin Walker

On entend beaucoup parler anglais dans le Périgord. A bord des kayaks qui glissent sur la Dordogne, dans les châteaux qui pointent leurs donjons et leurs tours par-dessus les futaies ou sur les terrasses qui servent confits de canard, truffes et foie gras au cœur des villes et villages qui ont préservé leur charme à travers les siècles. Un vestige de la Guerre de Cent Ans qui vit s’affronter, pour quelques places-fortes, chevaleries française et anglaise aux XIVème et XVème siècles ? Ou plutôt la conséquence des vols Ryanair qui mettent l’aéroport de Stansted à quelques minutes et quelques livres sterling de celui de Bergerac ? De nombreux britanniques se sont même installés, parfois à mi-temps, dans la région, rénovant avec goût des vieilles demeures aux pierres jaunes, profitant d’un climat doux mais ensoleillé et découvrant les délices culinaires locaux.

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L’un de ces « gentlemen-périgourdin » est Martin Walker. Il a créé une série de romans policiers « Bruno » dont le héros est un policier municipal en Dordogne. Les trois premiers polars ont été traduits en français : « Meurtre en Périgord », « Sombres Vendanges » et « Diamants Noirs ». Mais le livre que j’ai lu l’été dernier lors de mes vacances familiales, « The Caves of Périgord » n’est malheureusement pas encore traduit.

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C’est un roman à trois périodes parallèles : la préhistoire, l’époque de la Résistance contre l’occupation allemande dont le Périgord fut un haut-lieu et le présent. Lydia Dean, une jeune historienne de l’art américaine qui se morfond dans une maison de ventes aux enchères londoniennes reçoit un paquet contenant un fragment de grotte. Les peintures sur ce bout de rocher sont clairement parmi les plus beaux exemples d’art rupestre, mais elles n’ont jamais été répertoriées. Elles suggèrent une technique et un sens artistique encore plus développés qu’à Lascaux.

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Cerf noir, Lascaux

 

Le paquet est amené par Manners, un officier britannique qui a trouvé ce bout de pierre dans le bureau de son père qui vient de mourir. Manners père avait soutenu la résistance française pendant la seconde guerre mondiale, se liant d’amitié avec Malrand, un jeune chef de réseau local, qui est depuis devenu Président de la République. Malrand est un personnage séduisant et séducteur, amusant mélange de Malraux et Mitterrand. Est-il l’instigateur du vol du rocher dans les coffres londoniens, un fait d’armes digne de services secrets ? Pourquoi semble-t-il faire obstacle aux recherches pour trouver la nouvelle grotte ? A-t-il un secret à préserver ? Quel rôle le trio composé de Marland, Manners père et un jeune officier américain a-t-il joué à la fin de la guerre, alors que la division SS « Das Reich » incendiait les villages et que les maquis communistes cherchaient à prendre le pouvoir ?


Das Reich, Une division SS en France 1/2 by muloot

Ces deux histoires font une très brillante intrigue, très agréable à lire pendant des vacances dans le Périgord, avec un verre de Bergerac au bord de la piscine. Mais le récit qui m’a le plus fasciné, c’est celui de la période préhistorique. Au départ, j’étais dubitatif. Je ne pense pas connaître d’œuvre de fiction abordant cette époque et je craignais une approche un peu stéréotypée. Tout au contraire, j’ai été vraiment pris par cette histoire de rivalité artistique entre un peintre dominant et un jeune apprenti, d’amour contrarié et de lutte pour le pouvoir. Une très belle réussite, qui rend une visite à Lascaux encore plus vivante.

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